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Cultures et confiture
5 décembre 2006

Sartre, l'âge des passions

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Jean-Paul Sartre est mort il y a 25 ans. Pour lui rendre hommage (bénis soient les anniversaires, qui autorisent les retrouvailles !), France 2 lui consacre une fiction. Claude Goretta a réalisé deux épisodes de 90 minutes, diffusés la semaine prochaine, les 11 et 12 décembre à 20h50, avec Denis Podalydès (de la Comédie Française) dans le rôle principal.

L'idée est audacieuse. Mettre en images un homme de l'envergure littéraire, philosophique et politique de Sartre, son physique de séducteur hideux (la curiosité de son visage réinventé est immédiate), son aura tantôt étincelante, tantôt malmenée, d'intellectuel engagé : on a peine à imaginer la chose.
A la décharge de notre scepticisme, il faut rappeler que
"Les amants du flore" (les jeunes années du couple Sartre-Beauvoir, version France 3) avait moins convaincu qu'amusé. N'est pas Sartre qui veut, même à la télé. Lorent Deutsch s'y est cassé le nez - il avait déjà du mal avec le fameux strabisme de son modèle...

Les Sartre se suivent et ne se ressemblent pas. Podalydès, voix grave, cheveux plaqués, oeil droit battant la campagne, est saisissant. Premier réflexe, on rit de le voir grimé en philosophe national. Mais il suffit d'oublier un instant Podalydès pour retrouver sous ses traits, un peu - et c'est déjà beaucoup - le visage bien connu. Clope au bec, gilet de laine et whisky à portée de main, rien n'est oublié de la petite mythologie sartrienne. A ses côtés, Anne Alvaro figure une Simone de Beauvoir confondante. Classe, beauté froide et cheveux enturbanés : le visuel est en place, on peut s'attaquer à la suite.

La suite, c'est un scénario bien fichu, prenant naissance en 1958. De Gaulle, FLN, action militante de Sartre, ses écrits monumentaux, ses amourettes. C'est aussi des bribes de pensée politique et philosophique, pas si courantes en praïme taïme à la télévision. Le travail sur ces films de spécialistes tels que Michel-Antoine Burnier ou Michel Contat offre, pour le téléspectateur averti, une garantie de sérieux. De fait, les dialogues ne sombrent jamais dans le pédantisme ou la bouffonerie. Sartre existe sur l'écran, d'une certaine manière. Autour de lui, une époque, où l'on s'extasie devant une télévision, où l'on se téléphone avec parcimonie et crève de l'envie d'être libre.
Comble de l'élégance, le pianiste Baptiste Trottignon (bien connu de "ceux qui aiment le jazz") signe l'accompagnement musicale.

Cette fiction ne prétend pas être une leçon au Collège de France, mais on peut y grapiller deux, trois idées. Ou mieux, y trouver l'envie d'en savoir plus. La réflexion naît de la curiosité, cultivons la !

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Commentaires
S
quand je parle de strabisme je veux bien entendu parler de céssité, car sartre avait un strabisme de naissance, mais avant la mescaline, son oeil droit pouver encore bouger dans son orbite, l'oeil n'avait pas encore completement chassé vers l'extremité du globe occulaire, ce qui fait que pour deutsch, la prothese n'était pas indispensable ! (sa composition il est vrai est moins ressemblante mais je l'ai trouvé plus convaincante : et si sartre avait aussi été comme cela ?!!!!)
G
En ce qui me concerne, la première image d'Anne Alvaro en Beauvoir m'a vraiment saisie. <br /> Comme quoi, la réalité de chacun repose avant tout sur ses propres ressentis !<br /> <br /> (Pour le strabisme de Sartre, il aurait été heureux pour lui de ne le gagner qu'à la guerre, mais la fameuse photo illustrant la version poche des "Mots" donne déjà un aperçu du problème - si c'en est vraiment un.)<br /> <br /> Merci pour cet échange, en tous cas. C'est agréable de pouvoir discuter avec ses "lecteurs", surtout quand les positions divergent. C'est d'autant plus intéressant.<br /> <br /> Je vous souhaite un bon week-end, et peut-être à bientôt !
S
il est certain que quantité ne rime pas avec qualité mais pour la version de lorant deutsch et mouglalis, je trouve que le pari était plus osé, plus tranchant alors que la version de podalydes ressemblait a un calque, un docu fiction comme il y en a de plus en plus à la télé.<br /> Lorant deutsch si il collait moins à sartre ( et encore, il n'y a pas de video de sartre a 25 30 ans et son strabisme n'est venu que pendant la guerre suite à l'absorbtion de mescaline ) je trouve qu'il a proposé un personnage plus personnel et plus attachant. Par contre Alvaro n'est pas dut tout beauvoir !!
G
Bonjour Sylvain,<br /> <br /> Les deux fictions ne recouvrent pas la même période. Celle de France 2 s'intéresse à une période historique particulière : en 58, la France retrouve De Gaulle, la guerre d'Algérie n'est pas loin et Sartre a eu le temps de mûrir sa pensée politique. <br /> Il est presque "logique" que le public ait préféré le spectacle offert par France 3, avec un Lorent Deutsch volubile et moins grave. C'est sans doute une question de choix divertissant.<br /> Pour ma part, je n'ai pas été convaincue par le couple Deutsch-Mouglalis et le scénario m'a paru aller vers la facilité romanesque.<br /> <br /> Et puis, sans plonger tête-baissée dans l'élitisme, il ne me semble pas que le choix du public soit fatalement un gage de qualité... <br /> <br /> Mais bien entendu, libre à chacun d'apprécier ces fictions selon ses propres critères ! Mon billet est évidemment subjectif.
S
j'ai preferé l'interpretation de lorant deutsch, plus libre et finalement plus proche d'un sartre jeune !<br /> podalydes a singé un sartre malade a la voix abimée par la fumée de cigarette<br /> le public qui avait plébiscité le sartre de deutsch sur france 3 ne s'y est pas trompé puisque la fiction de france 2 s'est soldé par un echec retentissanr ( 2.8 millions de telespectateurs seulement contre 4.5 pour deutsch)
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