Coup de foudre
La Littérature ne s'impose pas.
Elle ne se recommande pas, ne se défend pas, ne s'argumente pas à contrecoeur de son interlocuteur.
On décide seul de commencer un livre.
On l'observe, le respire, l'explore à la va-vite. Et parfois, souvent ? l'envie d'en savoir plus, de savoir tout et plus encore, nous prend.
C'est le plus beau. Le plus fort instant. Comme en amour, lorsqu'un autre nous plaît sans trop savoir pourquoi. Quand l'histoire commence sans rien dire de l'avenir. Quand l'espoir est grand mais les craintes, tout autant.
Avec l'habitude, on apprend à orienter ses choix. A chercher la bonne voix, le bon rythme et les mots, faits pour soi. Mais toujours, à chaque texte, on reste dans l'ignorance de ce curieux mélange qu'est notre monde, face au monde du Livre. Simple et subtile question de coeur, d'humeur et de rencontre.
Belle du Seigneur est un chef-d'oeuvre de la littérature de notre époque. C'est ce que l'on nous dit, et ce qui est écrit sur la quatrième de couverture du livre (de Poche).
Soit.
Nous le croyons volontiers. Les autres sont un enfer, sont détestables, très discutables. Mais ils peuvent avoir raison, aussi.
J'ai lu 55 pages de Belle du Seigneur. Je suis conquise et impatiente de savoir les beautés et horreurs que les 10954 pages dont j'ignore encore tout me réservent.
Les coups de foudre existent. Lorsqu'il naissent dans un livre, ils ont ceci de bouleversant qu'ils dureront pour nous jusqu'à la fin. Et plus encore.