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Cultures et confiture
28 novembre 2006

Ce soir j'entends Madeleine

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Madeleine Peyroux est une chanteuse. De jazz, mettons. Ce qui signifie, à gros traits empotés, qu'elle possède une voix, un swing, une grâce ordinairement non-évidents chez les chanteuses.
La rockeuse mise souvent sur des notes éraillées, énervées, déjantées; du côté de la variétoche, ça jérémiade avec agilité; quant aux femmes fatales mais libérées de la pop, elles naviguent avec plus ou moins de bonheur entre les deux catégories pré-citées.

Dès lors, on comprend l'engouement soulevé par Madeleine Peyroux. Pour les connaisseurs - même modestes - il y a tout d'abord le saisissement occasionné par le timbre de sa voix, pas très loin de celui de Billie Holiday. La comparaison peut se penser, il est vrai, sur certains morceaux (la version radio de "Dance me to the end of love" en particulier), mais ce serait faire preuve d'un sacré manque d'imagination que de cantonner la chanteuse à cette filiation futile. Bien trop encombrante pour rester flatteuse.
Lady Day est une interpète indétrônable. Madeleine Peyroux ne cherche à détrôner personne. Elle a cette intelligence et aspire, simplement, à chanter. A sa façon.

C'est à dire ? Avec simplicité. Sur scène, pas de minauderies : tenue agréable mais sobre, cheveux lâchés, on croirait voir chanter la girl next door. Diana Krall, avec sa blondeur et ses gambettes élancées, charme par sa voix autant que par son allure. La séduction de Madeleine Peyroux, guitare sous le bras, est moins frontale mais tout aussi efficace.
Sur des reprises de Leonard Cohen, Bob Dylan, Elliott Smith ou sur ses propres compositions, elle laisse glisser sa voix, la froisse, la tord jusqu'au plus grave. Certains textes, interprétés par d'autres, filerait du côté de la variété acidulée. Madeleine Peyroux a commencé comme chanteuse de rue, se carapate hors de la vue des médias quand ça lui plaît, n'est pas follement à l'aise pour gigoter comme une diva, mais elle sait retenir le meilleur des chansons qu'elle touche.
Quand elle s'empare de "
J'ai deux amours" ou pire encore, "La Javanaise", on cède définitivement. La barrière de la langue n'est plus là pour saupoudrer sa magie : en français dans le texte, sur des tubes patrimoniaux, multiplement repris, ça marche.

Jeudi dernier, Madeleine Peyroux faisait salle comble et comblée à l'Olympia. Elle y retourne cette semaine, le 27 et 28 à 20h30.
Pour les distraits qui n'auraient pas noté l'évènement sur leurs tablettes, son dernier album est disponible depuis septembre.

Half a perfect world
Universal Music
Septembre 2006

Le monde de Madeleine est à demi parfait. Peut-être est-ce le plus souhaitable ? Puisque, luxe suprême, ses imperfections ne gâchent rien.

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Commentaires
G
Merci beaucoup.<br /> Je suis heureuse que ce blog vous plaise. Votre message est très encourageant, j'essaierai donc de poursuivre sur ma lancée !<br /> <br /> Très bonne fin de semaine à vous.
A
Je viens régulièrement sur ce blog que j'ai découvert par le plus grand des hasards !<br /> <br /> Ce que vous écrivez est toujours pertinent, vos sujets variés et le style plein de délicatesse, d'élégance et d'humour est un vrai régal ! Ne changez rien surtout ! J'attends vos prochaines pages avec impatience !
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